La dernière décennie a vécu des progrès remarquables dans les technologies numériques, y compris l’intelligence artificielle (IA), la robotique, le cloud computing, l’analyse de données et les communications mobiles. La technologie avance vite, très vite… peut-être plus vite que ce que nous sommes à même d’anticiper pour nous y préparer.

Qu’est-ce que la robotisation et l’intelligence artificielle (IA) ?

Comme son nom l’indique, la robotisation est l’utilisation de robots pour exécuter certaines tâches.

Du plus loin que je me souvienne, le robot m’a toujours fasciné. Cette envie que l’Homme eût de rêver à la création d’un humain artificiel.

De nos jours, le mot « robot » est dans toutes les bouches et dans presque toutes les maisons.

L’utilisation de robots peut être considérée comme positive si elle permet d’éviter, aux humains, mais pas seulement, aux animaux aussi, des travaux pénibles et dangereux.

Mais un robot peut-il être défini uniquement par sa constitution matérielle ?

Le début de l’intelligence artificielle (IA) en 1950, consiste à doter un système de mécanismes de raisonnement capables de manipuler les données symboliques qui constituent les connaissances d’un domaine.

Science-fiction hier, devenu aujourd’hui une réalité, le robot, plus que jamais, sujet de craintes, d’interrogations et de curiosité, s’invite au cœur des débats mondiaux sur l’évolution du travail et des conditions de travail.

Les premiers robots furent appelés des automates avec pour missions de faire des tâches répétitives ou variées, autrefois effectuées par l’homme.

Les robots de deuxième génération furent dotés de capteurs, leur permettant de pouvoir réagir à l’environnement qui les entoure.

Les robots actuels de troisième génération sont équipés d’intelligence artificielle et peuvent prendre des décisions.

Mais quelles questions posent l’intelligence artificielle (IA), lorsque l’on sait que nous avons la possibilité d’automatiser des tâches cognitives plus complexes et non routinières, donnant la capacité aux machines d’apprendre par elles-mêmes ?

Avantage vs inconvénients de l’IA : Battle !

Avantages :

  • Eviter à l’homme la réalisation de tâches pénibles ou dangereuses ;
  • En activité constante, elle ne mange pas, ne dors pas, etc… ;
  • Libérer du temps consacré à des tâches à faible valeur ajoutée ;
  • Développer sa propre intelligence et pouvant à terme être force de proposition…

Inconvénients :

    • Suppression d’emplois, en remplaçant les collaborateurs par des machines, les entreprises se retrouvant ultra dépendantes et donc beaucoup plus vulnérables ;
    • Coûts en recherche et développement très importants ;
    • Possibilité d’une erreur dans la programmation ou d’un piratage, avec des conséquences possibles à très grande échelle ;
    • Difficile, voire impossible de reproduire les sentiments humains ;
    • Persistance actuelle de la dépendance envers la programmation humaine.

La robotisation du tertiaire

Les industriels, voyant la robotisation comme une formidable opportunité, ont massivement déployé dans leurs entités les robots, permettant l’augmentation exponentielle des volumes de production tout en en réduisant leurs coûts. In fine, des bénéfices accrus.

Que devient l’homme dans cette robotisation poussée ? La recherche effrénée de profits, d’efficience et de gain n’éloigne t-elle pas un peu plus encore l’homme de sa dimension humaine, et de sa responsabilité envers ses semblables. La philanthropie dont les caractéristiques principales, aujourd’hui largement reconnues, sont le volontariat, le bénévolat, le désintéressement… peut sembler très éloignée de cette vision de recherche de gain à tout prix.

Avec un faible coût d’implémentation en surcouche des systèmes informatiques déjà existants dans l’entreprise, la Robotic Process Automation (RPA) apparaît comme étant très adaptée à la gestion des tâches récurrentes, le tout avec une rapidité de traitement de ces tâches répétitives sans erreur et un fonctionnement en 24/24 et 7/7.

Récemment, en 2017, l’intelligence artificielle « IBM Watson Explorer », a remplacé 34 salariés (soit 25% des effectifs) d’une entreprise japonaise œuvrant dans le métier de l’assurance. Le Japon connaissant un vieillissement de sa population, mise sur la technologie pour maintenir sa productivité sur le long terme.

En France, BPCE Assurances a adopté un robot, créé par la start-up tricolore Owi, capable de lire les e-mails et d’analyser le champ sémantique. Ce dernier assigne un degré de priorité et se charge de formuler une réponse, envoyée sous contrôle d’un agent humain à l’assuré. L’humain est encore présent mais pour combien de temps…

Le Crédit Mutuel-CIC utilise aussi l’IA « Watson d’IBM », en tant qu’assistant virtuel « épargne et assurance », il apporte des réponses immédiates aux questions récurrentes des clients.

La Société Générale, a informé de sa volonté d’automatiser 80% des processus internes de l’activité de banque de détail, d’ici à 2020.

Ces évolutions sont loin d’être anodines car pour la première fois, la technologie remplace un « col blanc », autrement dit un employé qualifié.

A l’heure où la relation client est un enjeu important pour se différencier, que penser de l’automatisation ?

Une nouvelle forme de management devrait pointer son nez. L’IA ne pouvant pas tout faire, elle sera contrôlée par des collaborateurs eux-mêmes supervisés par des managers, qui auront besoin d’être formés à un management « homme-machine ».

Et l’emploi dans tout ça !

La transformation numérique annonce la destruction d’environ trois millions d’emplois d’ici 2025… (voir article « Impact de la transformation digitale sur les conditions de travail ») mais devrait en créer presque autant.

L’IFR (Fédération internationale de robotique) dénombre plus de 12 millions de robots dans le monde. Une grande majorité opère dans le secteur de l’industrie, notamment automobile.

Contre toute attente, les taux de chômage des pays les plus robotisés sont parmi les plus bas ou les plus régulés (l’Allemagne est parvenue à une diminution de 4% entre 2013 et 2014). Mais la diminution du chômage ne veut pas dire baisse de la précarité…

En 2017, lors de l’ouverture d’une réunion consacrée au développement durable à l’ère des changements technologiques rapides, la Présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Maria Chatardova, a estimé « qu’il fallait tirer parti de ces nouvelles technologies tout en ne laissant personne de côté dans le cadre du développement durable mais qu’on ne connaissait pas l’impact mondial à terme de l’intelligence artificielle. »

D’après Erik Brynjolfsson, directeur de l’Initiative pour l’économie numérique au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge « Des millions d’emplois seront éliminés, des millions de nouveaux emplois seront créés et nécessaires, et beaucoup plus d’emplois seront transformés ».

« Il y a un énorme besoin, une énorme opportunité d’étudier les changements. Les chercheurs commencent à le faire, et les preuves émergentes résistent à des scénarios simples. Les progrès dans les technologies numériques sont susceptibles de changer le travail de manière complexe et nuancée, créant à la fois des opportunités et des risques pour les travailleurs ».

Dans les prochaines décennies, ces technologies transformeront presque tous les secteurs d’activités, l’agriculture, la médecine, la fabrication, la vente, la finance et le transport, en redéfinissant au passage la nature du travail.

Le monde du travail en pleine évolution laisse présager trois grandes questions :

  • Comment les collaborateurs réagiront- ils face aux nouvelles formes de travail sans montrer une résistance généralisée, sapant ainsi la confiance, le moral ou l’innovation de ces derniers ?
  • Ces nouvelles technologies conçues pour améliorer la performance humaine, comment affecteront-elles la santé et la sécurité des collaborateurs. Une utilisation à long terme pourrait-elle leur nuire, directement ou indirectement ?
  • Quel modèle social et économique mondial incluant une véritable politique de responsabilité sociétale souhaitons-nous mettre en place ? Ce modèle s’avèrera d’autant plus important pour aider les pays dits « vulnérables » afin qu’ils ne soient pas oubliés et que cette évolution, ne soit pas vécue comme par le passé, par un retour en force de l’obscurantisme.

En 2013, des chercheurs du programme Oxford Martin sur « la technologie et l’emploi », ont mis en avant que le travail de groupe ou une interaction en face-à-face, restait difficilement automatisable. Ce qui laisse à penser que même si tout peut être automatisable, certaines particularités humaines restent non duplicables.

Ces changements induits par ces nouvelles technologies peuvent aussi s’avérer très positifs :

  • L’automatisation des diagnostics de bases dits quantitatifs, permettrait aussi de dégager du temps afin d’être plus pertinent sur l’approche qualitative du métier pour se recentrer sur son cœur du métier, voire aider à réduire les inégalités de compétences sur certains domaines ;
  • Gagner en flexibilité, variété de tâches et en autonomie ;
  • Réduire les barrières géographiques en se connectant plus facilement avec les différentes parties du monde ;

Le revers d’une automatisation à outrance

L’usine Tesla, constructeur américain de voitures électrique, basée en Californie, est le plus grand site industriel du monde avec 510.000 m² mais aussi le site le plus robotisé du monde. Des robots avec des noms de personnages des comics X-Men, capables en 2015 de produire 1700 voitures par semaine, entourés de 3.000 salariés qui s’affairent entre les machines. Une déconvenue en 2017, sur la ligne d’assemblage de batteries, a ralenti la production, enregistrant une perte nette de 620 millions de dollars (soit 532 millions d’euros) au 3ème trimestre et la suppression de centaines d’emplois.

Le manque de compétences numériques peut-il être comblé ?

Avons-nous les compétences numériques pour accompagner ces changements ? Pendant plusieurs années, les experts ont sonné l’alarme sur une possible pénurie de compétences.

Le manque de connaissance et de formation peut freiner ces évolutions ou empêcher des collaborateurs d’évoluer et les entreprises de prospérer dans l’économie numérique.

Les nouvelles technologies nécessitent des changements organisationnels coûteux et chronophages et devront, pour être mises en place, dépasser les barrières légales, éthiques et sociétales, afin de ne pas retarder ou annuler leurs déploiements.

En 2017, le mathématicien, député de l’Essonne et vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, a été chargé par le Président de la République et le Premier ministre d’une mission importante sur l’IA (voir la lettre de mission), qui vise à repositionner la France et l’Europe au premier plan de ces transformations et à en saisir les opportunités, avec un rapport qui était attendu pour fin Janvier 2018.

Bien que dans les faits, l’intelligence artificielle ait immensément progressé, elle est encore loin de menacer nos emplois.

Mais à défaut d’éradiquer le travail, la révolution numérique va profondément le transformer.

Le sachant, une évolution de notre système éducatif et de la formation continue, au risque sinon de creuser des inégalités sociales, doit préparer, dès maintenant, à ces nouvelles technologies qui, quoi qu’il arrive, continueront d’évoluer, sans nous attendre…

Laissez un avis

requis