Le bore-out est un trouble psychologique d’épuisement engendré par l’ennui, le manque de travail dans le cadre professionnel.

S’ennuyer à mourir, qui n’a pas déjà prononcé cette phrase ? Phrase qui peut rester anodine à condition que cela ne se répète pas trop souvent dans le cadre professionnel !  

 

Si un salarié heureux est un salarié plus performant et donc plus investi dans la vie professionnelle et dans son travail au quotidien, qu’en est-il de ceux qui s’ennuient ?  On pourrait se dire qu’il est agréable d’être payé à ne rien faire ! Mais il s’avère que passer ses journées à « tuer le temps » serait aussi voire plus mauvais pour la santé que trop travailler.

Ne pas arriver à donner un sens à son travail au quotidien peut avoir des effets délétères sur la confiance, l’estime de soi. Dans ce contexte, il parait tout aussi difficile d’arriver à entretenir ou à développer ces compétences.

Reconnu pour la première fois par le conseil des prudhommes en mai 2016 le syndrome de bore-out se développe et sa multiplicité permet maintenant d’en tirer quelques enseignements et de préciser celle qui apparait comme une des causes récurrentes : l’organisation du travail.

Naturellement, les collaborateurs français sont très investis dans leur travail et en attendent une reconnaissance. Le manque d’activité, qu’il soit du a une réorganisation, un manque de perspective d’évolution ou à « une mise au placard », peut induire des réactions telles que la honte, l’envie de cacher son manque de travail, voire de la culpabilité à l’idée de ne pas mériter son salaire.

Comme à chaque fois qu’il s’agit de préserver l’estime de soi ou son image, la personne touchée par le bore-out, va développer des stratégies pour donner une apparence de stress ou d’activité, pour masquer l’évitement de tout travail ennuyeux supplémentaire. Stratégies qui à terme finissent par l’user et avoir des conséquences sur le plan psychologique et la santé.

« Quand un employé n’arrive pas à donner du sens à son action quotidienne, il s’en porte très mal ». « Les symptômes varient selon le contexte et selon l’individu, mais ils peuvent se traduire par une alchimie négative, explosive et destructrice ».  Marie PEZE, docteur en psychologie et membre du réseau « souffrance au travail ».

L’INRS dans sa revue « références en santé au travail » de mars 2016, présente le bore-out comme un nouveau risque psychosocial très difficile à décoder car souvent mal assumer par le collaborateur.

Tous les profils de collaborateurs peuvent être touchés par ce syndrome, notamment lors des réorganisations ou restructurations, lorsque les rôles non pas été clairement définis ou redistribués. Ces zones de « flottement » sont un terrain propice au bore-out. Les personnes les moins impactées restent celles pour qui le travail n’est pas un élément indispensable à la réussite dans la vie.

Annie Britton et Martin J Shipley, tous deux rattachés au Department of Epidemiology and Public Health, University College London, UK, se sont posés la question de savoir « si l’expression « s’ennuyer à mourir » avait une base quelconque. Les personnes qui s’ennuient, sont-elles susceptibles de mourir plus tôt que celles qui ne s’ennuient pas ? » L’étude intitulée « Bored to death » réalisée en 2010, basée sur un auto-questionnaire sur l’ennui, proposé à un panel de 7524 hommes et femmes, fonctionnaires, basés à Londres, âgés de 35 à 55 ans, fait ressortir que « ceux qui déclarent s’ennuyer sont plus susceptibles de mourir plus jeunes que ceux qui ne s’ennuient pas. Une tendance à l’ennui, en particulier chez les plus jeunes, qui pourrait être révélatrice de comportements nocifs tels que la consommation excessive d’alcool, de tabagisme, de consommation de drogue. »

La Haute Autorité de santé (HAS) prépare des recommandations à l’attention des médecins pour la prise en charge thérapeutique et l’accompagnement des personnes atteintes de burn-out, mais rien pour l’instant concernant le bore-out.

Alors vers qui se tourner lorsque que l’on décèle ce syndrome sur soi ou sur quelqu’un d’autre ?

Le médecin du travail à un rôle très important, tout comme l’infirmière, le service RH, les représentants du personnel notamment le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

En conclusion, le bore-out existe mais actuellement aucune étude ne permet de vraiment en mesurer l’ampleur. Il n’en reste pas moins que le Bore-out est le résultat d’un énorme gaspillage des talents et de compétences, consécutif d’un manque de gestion. Gâchis qui a terme sera immanquablement supporté par nos services publics – pôle emplois, les caisses de sécurité sociale et de retraite etc… avec un coup économique non négligeable.

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